DEMEURE LE CRI DE JOIE
Femme de pleine floraison, tes mots tes mains m’ont éveillé, tes houles lentes, ensoleillé, quand l’inouï des mots se dansait dans tes mots, et avec eux la chair.
À hauteur de clair et d’ombre, sous un saule au bord de l’eau, sous un pommier dans le jardin, je me grisais de ces vocables qui entrouvraient un monde en formules insoumises ; elles se vivifiaient d’accords et de cadences dont tes lèvres humectées ramageaient les sens, faisant presque deviner le toujours-inaperçu. Au sein de nos appels feutrés concernant quelque mise à nu inconcevable au grand soleil (comme au comble de la lune tandis qu’une aile silencieuse vient froisser le linceul de la nuit), chacun avait le sang de l’autre dans la peau, mon souffle se calquait sur le tempo de ton haleine. J’en ai connu tes mains, leur douceur leur pouvoir. Tel un bourdon dans un fruit blond et duveteux, je me suis abreuvé de nectar.
Si tu es là, pour moi d’instant en instant printanière, chant de bleuets coquelicots, c’est que, jour après jour, tes eaux de vie inventent la soif de nous, inextinguible.