À MES LÈVRES, ALORS, MONTENT DES CAVATINES
toi qui as appris / l’art d’oublier / dans l’éblouissement
Chiara Merlo
Tu m’as ouvert ta porte. J’ai fait le vœu de toi, de l’amour qui délivre. Tu t’avances, me ravives, je ne suis plus un soir que l’on veut oublier, vague friche, embrouillamini. Tu débroussailles le hallier, le mauvais rêve se dissipe. Tu me prêtes main-forte, poses avec moi le pied sur la première marche du colimaçon dont l’hélice, vrillée au firmament, entraîne, exalte, appareille pour les confins.
Avec ta rosée aux lèvres, je ne suis plus sable dans le simoun. Tu me calmes, tu rends en moi la mer étale, étaies mes desseins d’essor, exténues mes phobies de fiasco. Tu dérides mon front, me baignes du repos des prairies semées d’animaux, tu les ordonnes pour les fêtes du beau.
Comme une mofette, s’évaporent de mon échine l’ennuyeux l’accablant ; les harpies d’alentour, épiantes vociférantes, disparaissent. Comme un hymne lourd d’espoir, un hymne chantant le monde, tu t’avances, et cet hymne me transit m’emporte, cet hymne habité de bruissements de sources, cet hymne dans ta voix, luxuriant de cascatelles.
Finies morailles, finies sombreurs, finies alarmes ; là était ronce, là est duvet ; là était pleurésie, là respiration marine. Il y avait cadenas. Il y a ton compas de jambes comme ailées, il y a tes mains de nautonnière.
Carcassonne, 5-7 juin 2016.