ENTRE TES MAINS, LE GOÛT DE VIVRE
Tu n’as jamais été amoureuse à demi, ni intime à demi, ni vivante à demi. J’écris, tendu vers toi, pour entendre une voix inconnue, ta voix couleur respir dire clapots, ta voix aussi d’après l’amour. J’écris ; comment savoir ta part de terre non brûlée ? Tes mains offertes font de mes poings des mains ouvertes ; ainsi, nos mots nos mains semeurs en viennent à susciter nos houles.
Tu sais que s’humecter la bouche ne suffit guère à éteindre la soif, pas plus que grignoter ne pourvoit à la faim. Lèvre à lèvre, moirés de sueur, nous nous découvrons, sans que s’ajourne ton sourire. Le cœur tambour, je bois ta soif surgie sur le bout de ta langue, à ton ventre le vin du rêve ; ta voix se tresse de galets qu’entre-heurte le flot, de contralto et d’abandon poignant. Des vocables à la chair, ton souffle long et chaud, ton souffle gorgé d’ailes épanouit les orbes de cet essor d’aimer qui cesse d’impartir. Ondulante scintillante, comme constellée, tu convies à l’unisson, plus riche et plein que tout accord.
Tu dis : « Ne suis-je pas ton risque et ta vivacité ? ».
Tu me maintiens sur la plus haute vague,
en m’insufflant un peu d’éternité.