François Laur, ou l’art de la poésie charnelle
L’écrivain carcassonnais dédicace ses deux derniers ouvrages, demain jeudi, au bloc G.
Ils sont arrivés là, modestes, dans une enveloppe de petite taille, portés par la magie postière en ce début du mois de mai. Ah, facteur – ou plutôt factrice – si tu savais la puissance de ce que tu portais ce matin-là dans ta sacoche ! Aurais-tu ouvert l’enveloppe – saisie par on ne sait quelle audace de printemps – que tu te serais peut-être arrêtée, à l’angle d’une improbable rue de Carcassonne, pour te plonger dans l’un de ces textes courts que François Laur égrène, bijoux de prose poétique, au fil des recueils qu’il lance depuis déjà pas mal d’années à la face d’un monde par trop indifférent. Mais les poètes, voyez-vous, sont artistes souvent ignorés dans une société où l’image a remplacé l’imaginaire. Dommage. Car François Laur, s’il fait une poésie immédiatement "visible", y rajoute, le son, le goût, l’odeur, le toucher... La vie quoi ! Indicible mystère féminin Et voilà donc que deux livres tout aussi charnels et sensuels que les précédents viennent s’ajouter à la longue collaboration qui unit le poète et l’éditeur Rafael de Surtis. Dans "Lieux-dits au Féminin pluriel", François Laur explore des décors, et le plus souvent les femmes qui vont avec : une cavalière sort d’un bois telle une "centauresse", une marcheuse irlandaise surgit d’un muret, une Sétoise sort de la douche nue, une fille de ferme invite aux premier émois sous l’œil des cochons qu’elle garde... et toutes nous invitent au festin joyeux et amoureux de la chair. "Comme une peau de Caravelle" poursuit le sillon "marin" de François Laur – la "mer-femme", bien sûr – mais nous ramène toujours à cette obsession poétique qui l’anime : comment dire l’indicible mystère féminin, sinon en le donnant à voir, à goûter, à sentir, à palper, et par la seule magie des mots et des phrases.
"Ces deux livres sont brefs, mais leur pouvoir est grand", aurait dit l’autre. Le restaurant Bloc G, rue Trivalle à Carcassonne, propose de les découvrir ce jeudi 6 mai, à partir de 18 h 30, en présence de l’auteur. Une "mise en lecture" sera faite par le groupe "Les Verbieuses". Il ne pouvait y avoir que des filles pour dire ces mots-là. »
L. R. (L’INDEPENDANT, Edition du 05 05 2010)