Abécéd(romad)aire, la caravane passe
François Laur fait partie de ces auteurs discrets qui poursuivent leur œuvre sans céder jamais à quelque facilité. Chacune de ses publications tient du petit bijou, ciselé dans une langue voluptueuse, un rien érotique, un rien érudite, coulant comme eau de source cristalline. Cet abécédaire portant bosse de dromadaire propose vingt-six stations plus ou moins brèves et dédiées aux 26 lettres de l’alphabet. Vingt-six textes imprimés uniquement en pages de droite de ce petit livre de format carré. « La caravane passe », est-il mentionné en sous titre. On y voit défiler de nombreux personnages, poètes, artistes, écrivains, philosophes, musiciens, héros de la mythologie. « Il y a », en leitmotiv, relie chacun des blocs textuels dans une énumération qui semble d’une étonnante limpidité, alors qu’elle saute habilement du coq à l’âne. François Laur y assemble savamment oiseaux, plantes, fruits, insectes, senteurs, peintures, scènes érotiques conviant Louise Labé, Lady Chatterley, Sophie Loizeau, le nombril de Vénus, Parsiphaé, le con d’Irène. « Je bois à la source / oubliant que je porte / du rouge aux lèvres. » Abécéd(romad)aire se déguste comme une suite d’amuse-bouches. Parvenu à la station 26 « il y a l’alphabet dézerté il y a encore des zamandiers. » Et l’orfèvre François Laur, qui date son ouvrage : 12 janvier-16 février 2009. » (Alain Helissen)
Abécéd(romad)aire, la caravane passe, François Laur ; Les éditions du soir au matin, collection ² ; 7,50 € ;