À L’AUBE FRÉMISSANTE
Depuis combien d’années ton souffle berce-t-il mes aubes comme une ancienne caravelle au tangage doux et lent ? Que de fois en ai-je vu la mer telle que d’autres l’aperçoivent dans les fleurs facettées d’hortensia ? Et ce matin, tu as posé la main sur moi. Courbes de chair et veines respiraient, un peu battantes de désir, quand tu as fait mûrir le corps nu de l’été à la fin même de décembre. Comme si la douleur était annihilée ; comme si les doigts voraces des frimas n’avaient point dépouillé les arbres : pas de bise qui effeuille ni de froidure qui fendille, nulle trombe submergeante.
Ton haleine est devenue le seul chant que je voulais entendre ; nous n’avons plus été que le cosmos qui se balance. Dans des glissements de peaux, une rose a installé tout un long tendelet de braises.
Par la grâce de toi, je vis d’une saveur délectable suprêmement, un fruit confondant, plus stellaire – ô combien ! – que boules vives de Noël orangeant le plaqueminier.