ENTRE MERLE ET CYPRÈS
Ton pas occupe tous mes songes, déambule à travers mes pensées, tes amples hanches y calligraphient jambages courbes boucles rondes. Tu me transformes en guetteur de corolles et ne m’entretiens pas de ma contrée natale : je clopinais sur des chemins perdus dans les frimas, les arbres avaient fort peu de feuilles, leurs branches étaient forcées de fructifier ; on croyait loyal le gagnant. Un homme ému, on le mettait sur la sellette.
Quand tu me savais sans arroi ni demeure, cœur rossé, doigts gourds, tu m’as offert fromage, lucques, et ton vin long en bouche. Toi qui connais l’œil d’or de la chevêche, les mouillures à tes lèvres m’ont appris la saveur les senteurs d’exister ; tu m’as ouvert ton lit, guidé en toi pour me faire franchir l’horizon. Par toi m’est consentie la vigueur d’une plante grimpante. Ton flanc contre le mien, vigne sang vierge à la fenêtre, les affres, un instant, abandonnent leur proie.