D’INSTANT EN INSTANT, L’ÉLAN
(après Serge Rezvani, le Vésuve, Phéniciens de Byblos et bien d’autres)
Tout mot est issu d’un abysse : pénombrales, les bouches ne déclarent pas, elles insufflent, ne recourent pas à des termes mais à du flottant. Ondoiement des affections, des affects qu’ils délimitent et affichent, odelettes cantilènes laisses versets rythmes splendides hymnes vastes ensembles comptés rimés ou non rimés, leurs linéaments admirables louvoient, subtils, exquis, dans l’indicible des transports et des joies, des bruits et de la fureur, ne s’appuient sur nulle gaudriole, nulle saillie gaillarde comme le sont les plus vifs des laps ardents, silence voluptueux des peaux qui, l’une à l’autre, exultent, seins entrailles pantelants, replis pulpeux et palpitants.
Se tisse au plus profond une liaison très viscérale : son après son, syllabe par syllabe, tempos et inflexions figurent l’ébranlement, le feulement que livrent, combinés, elle et lui jouant à chat, à l’arrêt jouant d’un long dandinement qui prolonge, déconcertantes, les abolitions du temps : goualés miaulés sont les culmens, les acmés, la passion affilant les refrains des émois ; le clair-obscur, les faisant chatoyer, exalte les peaux que lustre la sueur.
Mouillures et mucus glorifiant les galbes, opulentes plénitudes haletantes et félines, les phases vives de l’évidente convulsion se précipitent aux gémirs, aux vagirs, averse sur ondée, soulas encore, fluence encore d’elle et lui.
Luxueux, luxurieux clairs-obscurs. S’y déchiffrent à présent comme fourbues, recrues, des chairs endormies moulées dans la suprême commotion, la suprême contraction, échinante, éreintante, le suprême charme, chairs en pavane hiératiquement recueillies, confiées, confinées (consentantes ?) au non-dit, au mutisme, félines, soudées en ombres et opales luisant, comme vitrifiées, fougueuses nues toujours en des combats – petite mort et l’autre – figés net par l’éruption dans l’éternelle haute houle.