PAR UNE GRÂCE DE CŒUR QUI SAUVE
Lorsque tu as épousé les saillies de ma soif, je jouais au seigneur, en tout cas au paladin prenant en croupe tendrons et jouvencelles. On te l’a dit : tu t’abusais aux chatteries, aux corps à corps émerveillés conquis par ton coup de cœur. Mais tu as cru à la saveur de ma langue violente, aux arcanes de ses vocables, tu as fait confiance à ta peau tout comme au flair de tes remuements de plaisir, leur travail de pensée, agile et vive comme loutre.
Alors se sont dispersés la meute de frelons qui bombinaient autour de ma tête, les cafardes menées des fossoyeurs, des naufrageurs de liesse. Nous n’avons pas choppé contre la pierre amour quand l’écume a moussé aux lèvres de ton sexe : tu connaissais si bien la frange fluctuante où chavirent les vagues ! Tendus, un impossible archet nous a émus, de nos deux cordes a tiré un seul son. À l’empyrée quotidien de ta voix, jour après jour m’échoit un âge d’or, quoique s’en vienne à chaque instant un "bruit de cloches sombres".