-
1 février 2016
« La poésie, à son degré le plus élevé, fait signe vers quelque chose sur quoi repose tout ce qui arrive, et qui est plus secret que la causalité [...] » (Hugo von Hofmannsthal, Le Livre des amis)
-
2 octobre 2015
« Les chats sont des mots à fourrure. Comme les mots, ils rôdent autour des humains sans jamais se laisser apprivoiser. Il est aussi difficile de laisser entrer un chat dans un panier, avant de prendre le train, que d’attraper dans sa mémoire le mot juste et le convaincre de prendre sa place sur la page blanche. Mots et chats appartiennent à la race des insaisissables. » (Érik Orsenna, « Deux étés »)
-
4 septembre 2015
« […] c’est une dame précise qui vit avec moi, c’est la poésie elle-même, c’est "l’or" du silence et "l’argent de la parole", c’est l’aube et l’éveil lumineux aux choses que provoque sa rencontre et sa présence, c’est le monde tel qu’il m’apparaît : tout est étroitement interdépendant, tout est "le même", différent et contradictoire dans sa concrétude et diversité, donc déroutant comme l’est la femme que j’aime. Par son truchement, la manière dont je vois a été ressourcée, définitivement débanalisée, concrétisée, donnée comme un acte de tous mes sens par cette apparition et sa présence continue. Elle est la membrane osmotique à travers laquelle je parviens à correspondre avec ce qui est, même si dans un texte elle n’est pas nommément présente, peu importe : ce texte n’aurait pas existé sans elle, tout simplement » (Xavier Bordes)
-
5 septembre 2016
« Il aimait aimer. Il aimait les mots qui aiment l’amour. Il aimait sans retenue autre que le plaisir d’aimer. »
François nous a quitté le 5 septembre 2016. -
5 octobre 2015
« Le sexe et le texte, il n’y a que ça de vrai. Dès que vous commencez à comprendre un corps, vous voyez un texte. Dès que vous commencez à apprécier la beauté calligraphique des mots, le corps se révèle. » (Peter Greenaway)
-
5 septembre 2015
« nous n’aimions rien de nous que nous n’aimions d’abord en elles
nous devions aux femmes le meilleur de nous-mêmes, ce que nos mères naguère avaient aimé de nous
elles nous aimaient davantage qu’elles-mêmes, nous ne savions comment nommer
l’île où elles devaient nous conduire
nous n’aimions de nous que ce que les femmes aimaient, bruissement léger des feuilles ou messe basse de l’eau des rivières
l’eau sous l’eau et comme son ombre claire, l’eau seconde, artésienne, souveraine souterraine » (Pierre Grouix) -
9 décembre 2015
« Aucun mot écrit s’il ne nous hante ne ravivera le feu qu’on entendait lui confier ainsi ce baiser déposé sur le bout de nos doigts dont l’envol dessiné d’un geste de la main pareil à un coup d’aile se dit "envoyer". Il en va de l’écriture comme de ce geste et chaque page tournée ne fait pas plus de bruit. » (Jacques Roman)
-
9 décembre 2015
« Tout a été dit. Sans doute. Si les mots n’avaient changé de sens ; et les sens, de mots. » ( Jean Paulhan, Clef de la poésie)
-
10 décembre 2015
« Bulles infimes de solitude, les vagabonds, les amoureux, les lecteurs, font de la soupe collective un ferment qui nous sauve. Et si la plupart de ces bulles échouent à remonter à la surface, qu’importe : ça travaille, ça lève. » (David Bosc)
-
10 septembre 2015
« pas encore, je n’ai pas encore
assez aimé celle que j’aime »
(Lambert Schelschter) -
12 septembre 2015
« L’homme est le seul animal qui ne voit pas à vue, mais qui voit à dire.
Qui, dans le bleu, ne voit pas seulement le champ de lin bleu
mais le bleu du champ de lin bleu. »
(Gérard Granel) -
13 octobre 2015
« Un rêve sans amour est un rêve oublié. » (Paul Eluard)
-
14 novembre 2015
« Un artiste doit accepter de ne pas toujours comprendre ce qu’il fait et un spectateur de ne pas toujours comprendre ce qu’il voit. Une œuvre a besoin du désir de lumière que crée l’obscurité. » (Fabrice Reymond)
-
14 octobre 2015
« Rien n’obscurcira la beauté de ce monde
Les pleurs peuvent inonder toute la vision.
La souffrance peut enfoncer ses griffes dans ma gorge.
Le regret, l’amertume, peuvent élever leurs murailles de cendre,
La lâcheté, la haine, peuvent étendre leur nuit,
Rien n’obscurcira la beauté de ce monde.
Nulle défaite ne m’a été épargnée.
J’ai connu le goût amer de la séparation.
Et l’oubli de l’ami et les veilles auprès du mourant.
Et le retour vide, du cimetière.
Et le terrible regard de l’épouse abandonnée.
Et l’âme enténébrée de l’étranger,
Mais rien n’obscurcira la beauté de ce monde.
Ah ! On voulait me mettre à l’épreuve,
détourner mes yeux d’ici-bas.
On se demandait : « Résistera-t-il ? » Ce qui m’était cher m’était arraché.
Et des voiles sombres, recouvraient les jardins à mon approche
La femme aimée tournait de loin sa face aveugle
Mais rien n’obscurcira la beauté de ce monde.
Je savais qu’en dessous il y avait des contours tendres,
(lire la suite) -
16 décembre 2015
« Le vieux monde se meurt, le nouveau monde tarde à apparaître et dans ce clair-obscur surgissent des monstres » (Antonio Gramci)
-
17 février 2016
« l’art peut aider à retrouver son esprit en quelque sorte, mais autant que tout ce qui, au quotidien, nous permet de vivre. Il faut retourner du côté de la vie, sortir de l’ornière de la peur, la haine, la violence ; pour cela, le bouquet d’anémones bleues posé sur la table est d’un bon recours, aussi. » (Antoine Emaz)
-
17 octobre 2015
« Une route qui s’allonge, un sentier qui dévie, sont conformes à l’élan de la pensée qui fredonne. » (René Char)
-
18 octobre 2015
« Elle n’a que faire des vêtements métissés. Sa préférence va aux robes d’un seul tenant. Mais elle peut aussi bien revêtir la nuit, la neige, le manteau des légendes, l’étoffe de la beauté sans couture. Et quand elle danse, le monde refleurit. » (Gwen Garnier-Duguy)
-
19 octobre 2015
« J’accepte volontiers une condamnation pénale, mais pas une réduction de vocabulaire. » (Erri De Luca, La parole contraire)
-
20 décembre 2015
« La langue propre qui nous est donnée en partage aujourd’hui […] l’un de ses grands défauts – il y en a plusieurs –, c’est d’être dans un continuum, c’est-à-dire qu’il n’y a plus d’arrêt, il n’y a plus de silence dans la langue. Or, comment voulez-vous qu’il y ait un sens supplémentaire au mot qui est entendu, une plus-value de sens, s’il n’y a pas de silence, s’il n’y a pas la résonance possible du mot ?
La résonance, c’est la polysémie qui arrive, les autres sens possibles du mot.
Si on est dans la rapidité, on n’entend du mot que le sens premier, celui du dictionnaire, et donc on est dans une raréfaction du sens du réel. Et on est dans le mensonge.
Qu’est-ce qui fait la poésie ?
La poésie remet du silence dans la langue ; le poème naît d’un rythme (qui est l’essence même de toute poésie) imprévu dans la langue. La poésie, comme disait Aragon, exige "la révolte de l’oreille" ; lorsque l’oreille se révolte, elle (...) (lire la suite) -
20 septembre 2015
« Tout art est un mensonge, mais un véritable artiste n’est pas un menteur. » (’Max Jacob)
-
24 janvier 2016
« Qu’est-ce que lire un livre qui parle de l’amour, si ce n’est espérer ce passage du verbe à la chair, cette tremblante et éblouissante réplique du profane au mystère de l’incarnation ? » (Annie Le Brun, à propos de Francesca da Rimini)
-
25 novembre 2015
« Encore un siècle de journalisme, et tous les mots pueront » (Nietzsche)
-
28 janvier 2016
"à travers les épreuves les plus rudes,il est possible de maintenir, si ténue soit-elle, une expérience de bonheur".(Denise le Dantec)